[Chronique] La Forêt des Damnés - Carrie Ryan







Lecture VF 
Date de parution: Le 11 février 2010
Lecteur: Jeunesse
Nombre de pages: 381
Éditeur: Gallimard Jeunesse
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Dans le monde de Mary, il y a des vérités simples. Les Sœurs savent toujours le mieux. Les Gardiens protègent et servent. Les Damnés, revenus de la mort, ne renonceront jamais. Et il faut se méfier de la clôture qui entoure le village. La clôture qui les protège de la Forêt des Damnés. Mais peu à peu, les vérités de Mary s’effondrent et son monde est plongé dans le chaos. Un monde post-apocalyptique peuplé de zombies. Une histoire d’amour ensorcelante.

Chronique:

J’avais beaucoup entendu parler de ce livre et de son auteur au moment de sa sortie en VO. Mettant en scène des zombies, je n’avais pas plus envie de le lire que ça. Plus tard, par curiosité et depuis sa sortie en France, je me suis décidée à le lire.

Que dire à part que j’ai a-do-ré ce livre et passé un super moment. Une fois fini, je n’ai qu’une envie : lire la suite, Rivage Mortel. Rien que d’en lire le titre j’en bave déjà. Une âme généreuse pour me l’offrir ? :P

J’aime beaucoup la couverture de La Forêt des Damnés parce qu’elle reprend quelques détails importants du livre (les petites branches entortillées sur certaines lettres, un grillage et une forêt sombre, la fille au regard hypnotisant) qui prennent tout leur sens une fois la lecture entamée. On voit dans le regard de cette fille à la fois de la peur – on dirait qu’elle est en mouvement, qu’elle fuit - de la curiosité, de la détermination. J’adore !


Mary a grandi toute sa vie dans un village entouré d’un grillage. Un grillage qui protège la population des Damnés, ces êtres humains qui ont subit la mutation et sont devenus des zombies - bien que ce terme ne soit pas utilisé dans le livre, le lecteur sait de quoi il est question d’après les descriptions, parfois écœurantes, de Mary. Ils errent dans La Forêt des Mains et des Dents qui est effrayante. Attirés par la chair fraiche, ces derniers ne cessent de secouer la clôture, bien gardée par les Gardiens qui assurent la sécurité des habitants. Les Sœurs, et surtout sœur Tabitha, se chargent d’éduquer les enfants et de faire circuler la parole de Dieu, celui qui les protège réellement. Mais le monde de Mary va vite être chamboulé…


La vision de monde post-apocalyptique est tout simplement incroyable. Les descriptions des lieux et des zombies sont vraiment réalistes. J’aime le style d’écriture de l’auteur. L’histoire est crédible. Le lecteur sait qu’il y a quelque chose de plus grand derrière tout ça, que tout ne se limite pas au petit monde de Mary.

Mary est une fille ouverte, intelligente et courageuse. J’aime sa personnalité. Je suis très contente de lire ce livre de son point de vue, à la première personne du singulier. On a un véritable aperçu de ses pensées, de ses sentiments, du coup on a l’impression d’être à sa place ou du moins dans son monde.

L’amitié, l’amour et la famille sont au cœur de ce livre. Ces thèmes sont très liés. Tout part de la mère de Mary avec ses histoires d’océan. Un rêve que Mary ne va pas abandonner, surtout lorsque la fille au bout de tissu rouge débarque…

J’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteure a intégré les rites – mariages, naissances, prières – dans l’histoire. Elle donne une dimension plus réaliste et en même temps tragique, vu la situation du couple principal. La religion et les croyances ont une grande place dans la vie de tous les jours des habitants. Mais vous ne serez pas au bout de vos surprises avec la Cathédrale et les Sœurs.

Je ne saurais dire si c’est parce que l’auteure a trouvé préférable d’inclure l’aspect religieux dans son livre parce qu’on le lui a conseillé ou parce qu’elle-même est croyante, mais vu les circonstances dans lesquelles se trouvent nos héros, j’aurais plutôt tendance à dire qu’elle en fait une critique. Les prières ne leurs sont d’aucune aide. Mary elle-même cesse de croire en Dieu. Les Sœurs cachent certaines choses.

Un bon point pour Carrie Ryan qui nous ensorcelle avec son triangle amoureux. Encore un ? me direz-vous. Oui, mais celui-ci est exceptionnel. Vous ne saurez pas où mettre de la tête. Harry ou Travis ? Je n’arrive pas à choisir, bien que Mary ait fait son choix. Tous deux sont droits, courageux, charmants, protecteurs. On est loin du côté gnan-gnan à la Twilight. Ces personnages sont plus vrais que nature.

J’adore lire ce genre de livre, au futur incertain, où le protagoniste avance petit à petit et résout les énigmes alors que le lecteur sait déjà ce qu’il se passe, comprend avant lui ce que telle ou telle chose signifie. On a envie d’être auprès de lui pour l’aider. C’est la cas lorsque Mary lit XIV en tant que lettres et non en tant que chiffre romain… Ou la découverte d’articles de journaux qui pour elle n’ont aucune signification alors que nous, lecteurs, savons qu’ils témoignent d’une épidémie… Du coup on n’a plus envie de lâcher La Forêt des Damnés.

A la fin de ma lecture, je ne savais pas si je devais jeter le livre à l’autre bout de la pièce. Pas parce que je n’ai pas aimé la fin, au contraire. Pas parce que certains ne feront plus partie de l’aventure. Mais parce que j’aurais voulu avoir le deuxième livre à portée de main et enchaîner. Parce que Carrie Ryan a écrit ici un livre jeunesse unique. Elle a su innover et en même temps garder les bons ingrédients essentiels de la littérature jeunesse : amours, amitiés, famille, trahisons, scènes d’action, belles leçons.


Si les Damnés dévorent les êtres humains, vous vous dévorerez ce livre. 

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